Vers de soye
Ils se produisent de grene, c’est à dire d’oeufs, laquelle se vent
a l’once, qui communement se vent en Languedoc iii lb v s. Celle d’Espaigne,
que les marchans y aportent, est estimée la meilleure pource que les
vers qui en proviennent ne sont pas si subgects à malladies
& font plus de soye. En Espaigne, d’une once de soye grene,
ilz s’en produict des vers qui raportent ord communement xv lb. de soye.
Mays l’once d’une once de grene produicte en France, il n’en revient que
x ou xii. Troys onces de grene sont pour produire telle quantité
de vers, que tu en pourras fournir une chambre acommodée de trois
ou 4 estages de tables larges. Volontiers ilz comancent à
s’espelir vers la Sepmaine saincte. Et pour ce faire on les mect
dans une boite de sapin, comme celles ou l’on mect la dragée, entre
des coissins de plume chauldement. Et au commancement, ilz s’espellissent
comme f petites formis noires, & aussy tost qu’il y en ha deulx ou
trois espelis, il leur fault donner des foeilles de moeurier blanc,
et puys les ranger sur les tables. Et trois fois le jour, il
leur fault changer des foeilles fresches. Et s’il faict sur jour
quelque tonnerre ou temps pluvieulx, couvert & frais, il fault tenir dans la chambre trois ou 4
rechauls & avecq charbon allumé, & y mectre de l’encens jusques
à ce que toute la chambre soict remplye de fumée. Et quand le
temps se porte chault & serain, la soye abonde plus & en est meilleure.
Aulcuns vers la font plus blanche, aultres plus jaunastre. Et
encores qu’elle soict blanche, elle se jaulnist quand on la tire avecq
l’eau chaulde. Despuys Les vers, despuys leur naissance jusques
au leur temps qu’ilz font leur coquons & leur prison, dorment &
s’assopissent 4 fois, & à chasque fois demeurent 4 ou cinq jours
assopis sans manger, comme s’ilz mouroient pour renaistre une aultre
fois, car à chascune ilz changent de peau, & commancent à despoiller
la teste puys consequement, à divers jours, les reste du corps, & de
blanc viennent grisastres, & de grisastres blans. Enfin Et
s’il en y a quelque malade qui n’aye force de se despoiller, il luy
fault ayder & se garder de la crever, car lors rendant une
liqueur jaulne, elle ne vauldroit plus rien. Et mesmes ne proffictent
elles guere despuys qu’on l’a maniée de la main. Vers la
Pentecoste, elles comancent à vouloir monster à des branches
seiches de brande ou bruyere qu’on leur præpare en & attache
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Voy Hieronymus
Vida Albensis, episcopus de b Cremonensis,
scripsit carmine
de bombicum natura.
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Coment on les
remue.
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