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014r - - - - - Pour murailles de terre et bastiment rustique
Les hirondelles nous ont aprins ce mestier, faisant leurs nids
 de boue meslée, pour avoyr liaison, avecq des festus & brins de
 foing ou de paille. Es lieulx doncq où la pierre & la brique manque,
 on ce peult ayder de terre à faire paroy & muraille. En quoy la
 terre legiere, qui ne faict poinct de mottes estant labourée, ains qui est
 comme entremeslée d’arene, tient le premier rang pource que elle se
 bat & tapit mieux. Il est vray qu’il la fault humecter & la avecq la
 pelle baisse la coupper en forme de gasons, et ainsi la poser &
 disposer. Ceste cy dure d’advantaige et n’y a pas tant de façon,
 et ne la seicheresse ne la faict poinct fendre & crevasser. Mays
 pource que il ne se trouve pas partout de semblables terres, ceulx
 qui sont en bon & fertile territoire, ayants designé avecq le cordeau
 les largeur & longueur de leurs fondements, fichent en terres sur le
 bord d’iceulx d’une part & d’aultre de grands ch perches & ou chevrons
 pour apuyer des tables entre lesquelles ilz gectent la terre, faisant
 chasque couche d’un pied ou environ, l’entremeslant comme S.S.S de
 branches de bruyeres ou semblables choses, puys avecq trois formes
 de battouers l’appillent & la battent. L’un s’appelle le mail, qui
 est en forme triangulaire comme A, et de cestuy on appille premierement la
 terre. Aprés on ce sert d’un qui est de billots poinctus par le bout &
 emmanchés à un gros baston, & cestuy est pour bien presser la terre
 aux extremités et bords de la muraille qui adhære aux tables, & s’appelle . L’aultre s’appelle la batte, qui est pour aplanir & battre la terre
 pour la derniere foys, ainsy qu’il appert par .C. Puys on faict
 un aultre couche de terre & bruiere et on la bat comme est dict, & ainsy on continue
 jusques à ce que la muraille est parfaicte, laquelle on couvre de
 bruyeres & puys de terre. Aulcuns m entremeslent en ladicte muraille
 des rengs de brique. Ils font aussi la muraille en talluant,
 donnant a largeur aux fondements selon qu’on veult haulsser 
 la muraille. Laquelle estant vielle blanchist & par là demonstre
 qu’il y a du salpestre. C’est pourquoy, quand elles tumbent, les
 pouldriers en font leur proffict
